Article du Parisien /Oise sud Par Julien Barbare Le 7 novembre 2019 à 19h26

Article du Parisien /Oise sud Par Julien Barbare Le 7 novembre 2019 à 19h26

Le harcèlement scolaire expliqué à des milliers d’élèves de l’Oise.

Ce jeudi, vingt collèges et lycées du département ont organisé des actions dans le cadre d’une journée nationale dédiée à ce fléau des cours de récréation.

Au collège Jean-Fernel, à Clermont, les 670 élèves se sont appropriés les murs depuis longtemps. Des mots célèbrent la journée de la femme, des citations mettent en avant des poètes, un portrait a été peint sur une colonne… Ce jeudi, pour la journée nationale « Non au harcèlement », c’est un couloir qui leur avait été réservé, avec de grandes feuilles blanches sur lesquelles ils ont pu s’exprimer. « Entraidez-vous! »; « Vous êtes plus fort que vous ne le croyez ». Jusqu’au « Stop putain », qui a le mérite d’être clair.

« Chaque année, en moyenne, je dois peut-être faire face à cinq cas, dont un grave ».

Une vingtaine d’établissements — collèges et lycées — ont organisé des actions similaires « pour mettre en lumière cette problématique majeure », appuie l’académie d’Amiens. Stéphanie Dameron, la rectrice, était en visite à Noyon, où un projet réunit deux collèges et quatre écoles primaires. « Parler du harcèlement, poser des mots dessus, c’est déjà un premier pas essentiel à réaliser au sein des établissements », souligne Pierre Level, référent académique Harcèlement.

Clermont, ce jeudi. Les élèves du collège Fernel ont pu s’exprimer librement. LP/Julien Barbare  

Au collège Fernel, deux femmes se sont emparées du sujet : Catherine Soliva, conseillère principale d’éducation (CPE) et Valérie Strub, professeure d’histoire-géo et d’éducation morale et civique (EMC). Toutes deux ont à un moment ou un autre été sensibilisées de force. Une expérience personnelle, pour la seconde, et un souvenir professionnel pour Catherine. « J’ai eu à traiter un cas particulièrement marquant, les faits avaient duré deux ans, relate-t-elle. Chaque année, en moyenne, je dois peut-être faire face à cinq cas, dont un grave. »

Dans toutes les classes, des élèves touchés à divers degrés

Un sujet « qui fait peur », pas simple à appréhender. En cela, les passages réguliers d’intervenants spécialisés de l’Education nationale ont aidé. « On se rend compte que, dans toutes les classes, il y a des élèves qui ont été touchés à divers degrés, à un moment ou à un autre, explique Valérie Strub. La manière dont ces personnes formées se positionnent par rapport aux élèves, leur permet de s’exprimer plus facilement. » C’est bien là le but de cette journée. « J’espère que s’ils ont un souci, ils viendront me voir », conclut la professeure.

LP/J.B. 

« La posture de l’adulte, dans un établissement scolaire, et celle d’un évaluateur, complète Isabelle Baratte, la proviseure. Il faut que les élèves apprennent à nous faire confiance. » Dans la salle réservée au débat, les échanges montrent qu’une partie du travail reste à faire. « Moi, je me venge, clame une jeune fille. Si la personne ressent la même chose que la victime, elle ne recommencera pas. » Catherine Soliva intervient : « Mais tu deviens harceleuse à ton tour. » Un autre suggère de « porter plainte à la gendarmerie », un troisième cite « la CPE, la proviseure, l’assistante sociale, les parents… »

Le cyberharcèlement, un défi hors normes

Quelqu’un fait circuler une photo sensible ? « Je lui casse son téléphone », assure un élève. « Mais elle sera toujours sur les réseaux », soulignent les adultes. « Parce qu’il ne s’arrête plus à la porte du collège, voire parce qu’il commence en dehors », le cyberharcèlement est un défi hors normes. S’il ne relève pas d’augmentation du nombre de cas déclarés, Pierre Level souligne « le risque fort de complications et d’aggravations des situations » induit par les téléphones portables.

LP/J.B. 

Si ces derniers sont désormais interdits dans les établissements, « c’est souvent en dehors que se développe cette pratique, le rôle de la prévention et la sensibilisation des élèves prenant alors tout son sens ». Pour que cette prise de conscience ait lieu, « nous menons diverses actions tout au long de l’année », poursuit le responsable. La médiation par les pairs, « pour apprendre aux élèves à régler les petits conflits en eux », l’intervention d’associations, des forces de l’ordre…

Une pédagogie ludique se révèle particulièrement efficace, comme ce jeu vidéo, accessible en ligne gratuitement sur www.stoplaviolence.net. Les jeunes y incarnent un enquêteur au sein d’un établissement. « Ils ont adoré », sourit Valérie Strub. Les élèves peuvent aussi participer au concours national Non au harcèlement. « Ils doivent créer une vidéo ou une affiche, les participants ont jusqu’à fin janvier pour nous faire parvenir leurs productions », signale Pierre Level.

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